mardi 9 novembre 2010

La mémoire externalisée et les data center


"Tous les matins, quand vous allumez votre PC : vous êtes comme sains Denis. (…) Celle-ci possède toutes les fonctions, les facultés que les philosophes croyaient que vous aviez auparavant dans la tête : mémoire, raison, capacités de calcul." Christian Vanderboght et Eric Ouzounian, NetWar, un lien inactif est un neurone mort, Sens&tonka, Paris 2003.
Saint-Denis et les Data Center

lundi 8 novembre 2010

Vues de la cité Saint-Rémy





vendredi 5 novembre 2010

Stockorama

Avant d'être livrés à domicile, les objets que nous achetons sur Internet transitent dans d'immenses hangars qui remplissent les périphéries des grandes villes. Quant à nos données, loin d'être immatérielles, elles engendrent d'infinis alignements de serveurs informatiques stockés dans des data centers ou autres server farms, espaces virginaux, perpétuellement climatisées, et dont la parfaite isotropie n'est surpassée que par la bibliothèque de Babel de Borgès.

Ces hangars toujours similaires, stock d'objets ou de données, s'étalent sur des kilomètres, protégés par des barbelés. Ils produisent un environnement où nous ne nous rendons pas, des lieux où nous ne vivons pas. Ces stocks héritent d'une longue histoire d'un urbanisme en désolidarisation croissante d'avec son milieu. Jean Baudrillard déplorait déjà la violence latente de ces dispositifs de stocks, complémentaire selon lui du processus de stockage des humains, de queue, d’attente, d’embouteillage.

Dans ces lieux du parallélépipédisme généralisé, auto surveillés et auto nettoyants, principalement maintenus par des robots et des logiciels, le rare travailleur humain dépasse le statut d’exploité pour se retrouver au rang d’appareil.

Hangars sans décor, le minimalisme de leur architecture traduit l'absence d'interconnexion avec le monde qui les entoure. Leur présence dans l'univers matériel apparaît comme une intrusion, une inadaptation. Ils appartiennent à un autre monde, celui des données, des réseaux, des flux, qui rentre en contact avec le notre comme par inadvertance, bien qu'en acier et en béton armé.

Arbitrairement disséminés sur les gazons des zones périurbaines, tels des volumes de Donald Judd dans un jardin de sculptures, l'étrangeté de leur rapport au territoire apparaît déjà avec évidence. Nous proposons de la renforcer encore, en reprenant la tradition des jardins de fabriques. Les stocks et parcs de données deviennent folies visitables, transformés en fausse montagne, en grotte artificielle, en volcans, ou en pyramides, pour rendre attractives des zones oubliées.



Digital Realty Trust, 114 Rue Ambroise Croizat, Saint-Denis